UNSA son historique

Un changement dans le paysage syndical français : naissance et histoire de l’Unsa – ©Yvette Ladmiral
« Le ciel est couvert, les nuages sont bas, l’horizon bouché et pourtant il y a quelque part une éclaircie » : c’est en ces termes que Guy Caire décrivait la situation syndicale en 1989.

Les raisons de l’émiettement, de la faiblesse du syndicalisme français sont connues. L’évolution industrielle et technologique a changé la donne : mines, sidérurgie, textile, bastions du syndicalisme français ont disparu. 8 % de syndiqués tous secteurs concernés, représentation syndicale d’autant plus réduite que l’entreprise est petite, 48 % de délégués dans les comités d’entreprises sans appartenance syndicale, zones de désertification totale dans le secteur privé : tel est le bilan assez sombre de la situation syndicale en France.

Dans ce contexte, un projet prend forme dans les années 1990. Les organisations qui se disent « réformistes » et les militants réformistes de celles qui n’ont plus cette orientation font le pari de bousculer les anciens clivages en se concertant, en discutant ensemble afin de se rassembler pour bâtir à terme une organisation syndicale démocratique et indépendante, où les partisans d’un syndicalisme de transformation sociale se retrouveraient. Une longue période de réflexion réunit ainsi des responsables de la FEN, puis de l’Unsa, de la CFDT et des militants réformistes de FO.
Le projet ne voit finalement pas le jour. La gestion des problèmes internes des organisations prend le dessus. Yannick Simbron, secrétaire général de la FEN, est évincé de son poste en 1991, faute d’avoir agi sur le terrain de la restructuration du syndicalisme. Jean Kaspar est remplacé la même année par Nicole Notat à la tête de la CFDT. La scission de la FEN se produit le 6 octobre 1992, les discussions entamées depuis des années deviennent plus faciles avec les organisations réformistes et progressistes du syndicalisme autonome qui sont en contact depuis des années autour de la FEN.

L’Unsa prend forme
Le 5 juillet 1992, à l’Auberge de Ribeauvillé, rue Blanche, dans le IXe arrondissement de Paris, les responsables de cinq organisations du syndicalisme autonome, en contact depuis longtemps, décident de lancer un appel public autour de valeurs communes et d’une même conception du syndicalisme ; le réformisme : « Agir pour l’unité syndicale. »

La Fédération de l’éducation nationale (FEN), la Fédération générale autonome des fonctionnaires (FGAF), la Fédération maîtrise et cadres de la SNCF (FMC), la Fédération autonome des transports (FAT), la Fédération générale des syndicats de salariés et organisations de l’agroalimentaire (FGSOA) mettent ainsi en pratique une démarche qu’ils ont pensée depuis longtemps et qui se concrétisera sept mois plus tard par la constitution de l’Union nationale des syndicats autonomes (Unsa), dont les membres fondateurs décident de confier la présidence à la FMC (responsabilité assumée par Jacques Mallet) et le secrétariat général à la FEN (poste dévolu à Martine Le Gal).

Depuis 1986, toutes les hypothèses avaient été décrites, tous les scenarii possibles décortiqués. Cette fois, c’est du concret, c’est le premier regroupement structurel du syndicalisme français depuis la scission de 1948.

La presse fait un large écho à l’initiative, dont elle rend compte… à sa manière : « Naissance de l’Union nationale des syndicats autonomes » (Les Échos), « Cinq fédérations Autonomes se regroupent » (Le Figaro), « Les petits pas de la recomposition syndicale » (Le Monde), « La FEN convole » (La Croix), « Une nouvelle confédération » (Le Quotidien de Paris).

Plus de dix ans plus tard, qui aurait cru que cet embryon d’organisation interprofessionnelle serait devenue la quatrième organisation syndicale française, loin devant la CGC et la CFTC dont l’irréfragable représentativité est pourtant reconnue ? Qui aurait cru qu’aux élections prud’homales de 2002, l’Unsa réussirait le score de 5 % ?

Cette constitution n’est pas le fruit du hasard ! C’est à la fois le fruit de l’histoire et la concrétisation des relations que les militantes et les militants responsables des organisations constitutives entretiennent entre eux : relations syndicales, professionnelles et amicales… cela compte aussi ! (…)

Extrait de « Un changement dans le paysage syndical français : naissance et histoire de l’Unsa » – ©Yvette Ladmiral-L’information citoyenne, pour L’Archipel
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